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Episode 4 • Ma pratique en école d’optique : former une armée de petits padawans • Marina Experience

marina experience Nov 12, 2025

J’ai démarré l’enseignement en 2011, en alternance de ma pratique clinique.
Mon ancien professeur de BTS – que j’estime beaucoup – avait donné mon nom à une école qui venait juste d’ouvrir, l’ISO Bordeaux. Ils cherchaient des enseignants en licence, et comme je pratiquais déjà au quotidien l’optométrie et la contactologie, j’ai été appelée, et j'y ai découvert l'univers de l'enseignement !

 

Les premiers pas en contactologie

J’ai commencé naturellement par enseigner la contactologie, ma spécialité numéro un. J’ai intégré une équipe alors chapeautée par Jonathan, venu de Saint-Étienne, une école différente de celle que j’avais connue à Orsay.
C’était enrichissant de voir les différences entre ces deux approches : programmes, organisation, pratiques. Chaque école a ses avantages et ses inconvénients, mais dans l’ensemble les programmes se rejoignent et permettent de former de bons professionnels.

 

Petit à petit, j’ai aussi intégré l’enseignement de l’optométrie pratique. Jonathan est ensuite parti, et j’ai pris sa succession pour les cours magistraux de contactologie. Il avait déjà fait un super-méga-gros travail de ouf, en s’appuyant notamment sur les travaux de l’IACLE (International Association of Contact Lens Educators), et sur ses conseils, j’ai donné la continuité à cette expertise, pour pouvoir produire un enseignement international à nos étudiants français, pour qu'ils soient des warriors 💪

 

Là, ça a été une claque : je me suis rendu compte de tout ce qu’on n’avait pas vu en Licence + Master, et de l’écart avec ce qui se faisait à l’international. Ça a aiguisé mon esprit critique sur nos enseignements : on nous donne beaucoup, mais il reste encore tellement à découvrir.

 

C’est à ce moment que j’ai commencé à restructurer mes cours à ma manière. Mon objectif était clair : que mes étudiants ne se contentent pas d’avoir leur licence, mais qu’ils repartent avec le maximum d’informations utiles pour leur pratique clinique.


Un étudiant bien formé, qui a du sens dans ce qu’il apprend, réussira forcément son diplôme. Ça a été mon leitmotiv.

 

La rencontre qui a tout changé : le Mindmapping

Grâce à l’IACLE, j’ai eu l’occasion de participer à de nombreuses réunions entre enseignants et avec des laboratoires de lentilles, comme Alcon. Avant chaque congrès d’optométrie, ils organisent une journée spéciale enseignants, pour partager les nouveautés et des méthodes pédagogiques.

C’est là que j’ai rencontré Sandra, une grande clinicienne et professeure à Saint-Étienne. Elle m’a parlé de sa méthode d’enseignement basée sur le mindmapping.
Au début, j’ai trouvé ça complètement fou, trop flou. Comment faire un cours de contactologie avec des schémas sur une feuille A4 ?

Et puis j’ai réfléchi, réfléchi, réfléchi. Quinze jours plus tard, je devais donner un cours sur les produits d’entretien. Alors j’ai tenté le coup : j’ai transformé l’équivalent de 300 diapositives en 2-3 grandes cartes mentales. J’ai dessiné, griffonné, structuré…

Le jour du cours, j’ai débarqué avec mes feuilles de brouillon, mon tableau blanc et mes feutres. J’ai dit à mes étudiants :


« Aujourd’hui, pas de PowerPoint. On va dessiner. On teste un nouveau format. »

Le premier Mindmap tout moche en brouillon, mais qui a servi le jour J 🤣🤣

Ils ont râlé un peu (parce qu’il fallait écrire, dessiner, que ce n’était pas “propre”), mais ils ont joué le jeu. Résultat ? Une attention totale toute la journée, ça papotait BEAUCOUP MOINS, plus de rires, plus de questions. À la fin, certains trouvaient ça désordonné, d’autres génial.

Et puis est arrivé le QCS de contrôle 15 jours plus tard. Résultat : +3 points en moyenne par rapport à l’année précédente avec le cours magistral classique.
C’était dingue. Ils avaient mieux compris, mieux retenu.

 

À partir de là, j’ai basculé tous mes cours magistraux en mindmap. Même les plus complexes : physiologie, anatomie, biomicroscopie… C’était un défi, mais j’ai vu mes étudiants progresser d’une manière incroyable.

Cette expérience a fait mettre en lumière une chose, et que je défendrai toujours : il n’y a pas d’étudiants nuls. Il y a seulement des méthodes inadaptées.

 

Une pédagogie vivante

J’ai toujours voulu casser les codes. Mes classes devaient être vivantes. J’encourageais les timides à parler, je valorisais les questions “bêtes”, je créais une ambiance où tout le monde pouvait intervenir. 

Les retours m’ont marquée :

  • Un étudiant m’a dit : “Je n’ai jamais aimé l’école. Mais là, c’est la première fois que j’ai kiffé une année d’école.”
  • Une autre, timide, m’a confié qu’elle n’avait jamais osé poser une question en classe, mais qu’avec moi elle s’était sentie libre de le faire.

C’est ça, l’enseignement qui libère.

  

Le cours sur les urgences ophtalmiques

Aujourd’hui, j’enseigne beaucoup moins. J’ai passé le relais à mes anciens étudiants, devenus enseignants à leur tour. Mais je garde un module qui me tient à cœur de part son format innatendu : le cours sur les urgences ophtalmiques, que je réalise à ce jour à l'ISO Bordeaux et l'ISO Paris. Trois jours, 1000 diapositives, transformés en 2 mindmaps.

 

Ce cours, je l’ai complètement revu. Je voulais que mes étudiants sortent avec une grille de lecture clinique et pratique. Inspirée par les classifications ophtalmologiques (œil rouge/œil blanc, baisse d’acuité, douleur ou non), j’ai structuré le contenu pour qu’ils puissent l’appliquer directement, même sans être spécialistes.

Les retours sont là encore incroyables. Ceux qui continuent en master me disent : “On est tellement mieux armés que les autres !”

 

Une fierté

En plus de 10 ans, j’ai formé plus de 600 opticiens.
Certains sont devenus enseignants, d’autres praticiens, d’autres encore ont trouvé leur voie ailleurs, et je suis mais HYPER FIÈRE de là où ils sont, de ce qu’ils font, c’est comme une maman avec tous ses bébés optos 💖💖!

Je suis aussi fière d’avoir construit une véritable “DreamTeam” à l’ISO Bordeaux, avec une dizaine de collègues passionnés, une ambiance incroyable avec les élèves, et même quelques challenges mémorables comme par exemple le prism beer pong, Canibut (et non CatNibut), la Ruée des Fadas, les soirées post-COC etc..

 

Aujourd’hui, ma mission continue autrement, à travers Studio Optométrie. Je reste animée par la même envie : transmettre, rendre la pratique vivante, et donner aux professionnels les outils pour appliquer ce qu’ils savent vraiment.

Parce que la théorie seule ne suffit pas. Ce qui compte, c’est la pratique.

 

 Des moments inoubliables, merci à tous pour ces moments 🩷🩷🩷

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